Témoignage : Week-end de formation à l’orientation et à l’autonomie, 17-18 octobre 2020, Vercors Sud.

Article initialement publié sur : https://leopaulhan.medium.com/

Ma première nuit en refuge

Deux jours de formation à l’orientation et à l’autonomie autour du Mont Aiguille, Vercors Sud.

Le Grand Veymont / Mont Aiguille

En ce mois d’octobre où l’automne s’installe et que l’hiver approche, c’est le moment d’aller randonner avant que tombent les premières neiges. Grâce au Club Grenoble Rando Université, j’ai l’occasion de réaliser un de mes petits rêves : passer une nuit dans un refuge en montagne.

Le Club, développée par l’association Alpes-là !, organise ce week-end une formation à l’orientation et à l’autonomie, dans le sud du massif du Vercors. Notre point de départ : la gare de Clelles.

Pour le rejoindre, nous embarquons dans le train de 8h07, direction Gap. Les organisateurs et accompagnateurs, Vincent et Bruno, associent les mobilités douces à leur démarche, à l’image de ce que peut faire Mountain Wilderness au travers de ses brochures.

Une heure et vingt minutes et nous voilà au pied des montagnes.

Samedi 17 octobre 2020, Grenoble

6h : le réveil sonne. La soirée raclette de la veille ne m’aide pas à me lever, mais l’opportunité du week-end est trop belle pour être manquée : deux jours de formation à l’orientation et à l’autonomie dans le massif du Vercors, avec nuit en refuge de samedi à dimanche.

Je saute du lit, avale une tasse d’eau chaude mélangée avec du miel (un conseil ayurvédique pour booster son système immunitaire) et me dirige vers le tram pour rejoindre la gare, sac de randonnée sur les épaules et musique dans les oreilles.

Il fait encore nuit et la météo promet un week-end progressivement ensoleillé. Une promesse qui a bien faillit ne pas se réaliser, retardant jusqu’au dernier moment ma rencontre avec la star du coin : le Mont Aiguille.

Sans m’attarder, je passe par la boulangerie chercher à manger pour le midi et des gâteaux pour le groupe. Rien de mieux que la nourriture pour créer du lien. Je rejoins les deux premières personnes au rendez-vous : Chloé et Éric.

Les participants arrivent petit à petit. Nous voilà tous réunis, à l’exception de Vincent qui nous rejoindra plus tard à vélo. Une fois le groupe formé, difficile de nous louper au milieu de cette gare : sac à dos de 50 litres, bâtons de marche et looks de randonneurs. Nous commençons à faire connaissance.

Gare de Clelles

9h18 : arrivée en Gare de Clelles. La zone industrielle grenobloise a laissé place à la nature et le trajet est passé à une vitesse folle. Déjà les paysages et les discussions me passionnent.

Nous nous abritons près du quai et entamons un petit tour des présentations. Nous nous répartissons la nourriture du soir dans nos différents sacs et partons en direction de la Richiardière en longeant les bois.

Les discussions fleurissent au sein du groupe. La randonnée a de cela qu’elle facilite les échanges, sans les forcer, tout en permettant à chacun de vivre son voyage silencieusement lorsqu’il en a besoin.

La randonnée a de cela qu’elle facilite les échanges, sans les forcer, tout en permettant à chacun de vivre son voyage silencieusement lorsqu’il en a besoin.

Carte de notre parcours et des différents moments du séjour

Nous arrivons au foyer de ski fond où Vincent nous rejoint. Nous nous posons pour manger.

Nous entamons ensuite la formation à l’orientation. Vincent et Bruno nous expliquent les fondamentaux de la lecture de carte. Nous nous associons par deux pour le premier exercice : dessiner le paysage à partir de la description faite par son binôme. L’objectif : apprendre à observer son environnement et appréhender les enjeux de la cartographie. Sans crier au génie nos dessins sont plutôt satisfaisants…

Le second exercice consiste à aller chercher des points repérés sur la carte. En deux groupes, nous nous aventurons dans les champs et bois environnants, tout en expliquant à notre démarche à l’accompagnateur : utilisation du reliefs, points d’intérêts, altitude…

 Les premiers points s’enchaînent rapidement. Mais tandis que nous marchons vers les points 4 & 5, notre chemin est dévié par de petits glissements de terrain dus aux dernières fortes pluies. Nous les traversons et rejoignons l’autre groupe près du monument commémoratif.

Le temps est toujours nuageux et il ne m’est toujours pas possible de voir ce fameux Mont Aiguille.

L’occasion pour mes compagnons de s’amuser de la situation en insistant encore plus sur sa beauté, que je ne peux de toutes façons pas voir.

Je finis par dire que ce Mont est une légende dont on raconte qu’au 15ème siècle, le Roi Charles VIII ordonna à des hommes de gravir cette montagne, jusqu’ici surnommée « Mont inaccessible ». Cet acte est considéré comme l’un des premiers actes d’alpinisme de l’histoire.

Il est 15h30, direction le pas de l’aiguille. Nous enlevons quelques couches pour ne pas crouler sous la chaleur. Une heure et demie d’ascension au travers et nous voilà au refuge de Chaumailloux.

Arrivés au sommet, le brouillard persiste et le froid s’installe. Nous entrons dans la cabane pour manger et nous réchauffer. Tout le monde sort ces gâteaux et les partage sur la table.

Le refuge, en forme d’hexagone, comporte une vingtaine de places, une table avec deux bancs et un poêle à bois. Nous ne serons pas les seuls à dormir ce soir : deux groupes à l’intérieur et deux à l’extérieur seront de la partie.

Après une rapide tentative d’exercices d’orientation, le froid humide nous rappelle à l’intérieur. En petite équipe, nous partons chercher du bois mort.

La nuit tombe sur le refuge de Chaumailloux. Sortir dehors pour aller se brosser les dents est une aventure en soi. Au menu du soir : soupe, polenta et thé/gâteau. Sans paraître extravagant, ce repas nourri autant physiquement qu’émotionnellement. Je suis heureux de l’ambiance qui règne au sein du groupe.

Je m’installe à l’étage et met mes boules quies. Je ne tarde pas à m’endormir, malgré la chaleur… et les ronflements qui s’élèvent progressivement…


Une nuit au refuge — 17 octobre 2020

Dimanche 18 octobre, refuge de Chaumailloux

Dès huit heures, les premiers groupes commencent à repartir. Au programme de la journée : exercices d’orientation et ascension de la Tête Chevalière.

Le brouillard est toujours là mais la possibilité de s’élever au-dessus également.

Une nouvelle fois, nous faisons deux groupes et avançons à la recherche des points notés sur la carte. Notre groupe utilise plutôt les reliefs et les chemins existant pour avancer ; l’autre groupe, la méthode de l’azimut, consistant à tenir un cap avec la boussole

Chacun prends le lead et je me sens bien dans l’exercice. Nous remontons un talweg (LE mot de la formation) et apercevons l’autre groupe entamant la remontée vers le col menant à la Tête Chevalière.

Nous les suivons et arrivons au Col dont la vue qui s’offre à nous dépasse de loin toutes mes attentes : une mer de nuage sur toute la vallée avec en ligne de fonds, la Barre des Écrins.

À ma gauche, j’aperçois ENFIN, le tant attendu Mont Aiguille ! Nous mangeons et nous reposons devant le paysage. Notre train est prévu aux alentours de 19h. Cela nous laisse suffisamment de temps pour redescendre tranquillement.

Nous longeons les flancs de la montagne dont l’érosion dessine des motifs colorés. Nous suivons le sentier en direction du Pas de l’Essaure.

Nous nous arrêtons un peu plus bas pour faire une dernière série d’exercices. Bruno et Vincent en profitent pour nous donner, à Éric et moi-même, un point difficile que nous tentons d’atteindre, sans succès.

Nous redescendons sur Chichilianne, petit village de 300 habitants. Surprise : le bar est ouvert. Nous en profitons pour prendre un verre et le groupe se retrouve alors divisé en deux camps : les chocolats chauds d’un côté et les bières de l’autre.

C’est ainsi que se ponctue cette première randonnée avec le Club. Je me suis rarement senti aussi stimulé et coupé de “la vie d’en bas” en un si court laps de temps.

Au travers de ces moments, j’ai réalisé l’amour que je portais à la montagne. La beauté des paysages et l’énergie de ces lieux m’ont juste transcendé.

Quand je suis en montagne, je retrouve mon âme d’enfant : celle qui court sans but, ris facilement et s’amuse avec ce qu’elle a autour. Chaque élément peut-être un prétexte pour jouer, seul ou à plusieurs : une paroi à escalader, une forêt à explorer, une rivière à descendre, un couché de soleil à contempler…

La nature offre de nombreux moments simples si l’on décide de se laisser porter.

Formation à l’orientation — Vercors Sud, 17–18 octobre 2020