Nous avons filé dans le massif du Beaufortain pour passer deux jours à explorer la montagne en raquettes à neige, et se former les uns les autres au risque d’avalanche. Les deux voitures, pleines à craquer avec le matériel, se sont garées samedi matin au hameau de Fontaine, au-dessus de la Léchère-les-Bains en Tarentaise. Un arrêt à la coopérative laitière d’Albertville, sur la route, nous a permis de satisfaire un besoin de fromage, dans l’anticipation d’un week-end dans le froid. Pour ceux/celles qui ne sont pas véhiculés, participer à une sortie avec le club Grenoble Rando Universités (j’avoue, je place des mots clés pour le référencement naturel !), facilite l’accès à des randonnées dont le départ n’est pas du tout desservi en transports en commun. J’admire profondément les personnes qui pratiquent la montagne en bus, train, covoiturage, vélo ou auto-stop ; le plaisir d’aller à la rencontre de l’autre et d’avoir une petite empreinte carbone devant compensé la charge mentale et le casse-tête chinois d’organiser une sortie sans voiture.
En synthèse, j’ai adoré ces moments dans une nature sauvage peu fréquentée, sous un soleil radieux et en compagnie de gens souriants et motivés (Anaïs, Juliette, Sofia, Mathilde, Mickaël, Orlando et Vincent) à s’initier à la rando hivernale. Pour la plupart, c’était une première en raquettes à neige ou même en nuit passée dans une cabane non gardée, et de surcroît en hiver à -11 degrés celsius la nuit, emmitouflés dans de chauds duvets ! La cabane de Pré Berard dans le vallon de grande maison nous a servie de gîte très confortable. Le bois était en quantité pour alimenter le poële autour duquel nous nous battions pour réchauffer nos pieds, un bol de soupe à la main, éclairés à la lueur de quelques bougies, proche de la table, et une autre pièce contenait des matelas alignés les uns à côté des autres sur lesquels nous nous sommes couchés dans une ambiance de colonie de vacances.
Qu’avons-nous appris durant ces deux jours passés ensemble ? D’abord, à comprendre le fonctionnement d’un DVA (détecteur de victimes d’avalanches) et se détecter les uns les autres au départ de la randonnée. Cela prend bien dix minutes, temps que je sous-estime toujours ! C’est le lendemain que nous avons pu nous exercer à la recherche d’une victime et à l’utilisation de la sonde et de la pelle. Une petite astuce sympa : si vous cachez un DVA en le protégeant avec une pelle, sous la neige, pensez-bien à sortir la pelle de la neige en même temps que le DVA, pour éviter de perdre potentiellement le matos (clin d’oeil à l’un des participants;) ). Nous nous sommes exercés le soir, à la cabane, à la planification d’itinéraire en raquette pour le lendemain, en tenant compte des pentes et du Bulletin d’Estimation des Risques d’Avalanches (BERA) ainsi que de ce que nous avons pu analyser sur la neige autour de nous durant la journée du samedi. Ainsi, c’est au lac du plan du jeu à 2000m d’altitude que nous sommes allés le dimanche suite à une tempête de cerveaux de planification. Le lendemain, à mi-chemin, nous avons vu le soleil se lever sur les crêtes et, depuis le lac, s’offraient les sommets de Lauzière, de Belledonne et des Ecrins. Et nous étions tout bonnement aux pieds de la Pointe de Comborsier (2535m) et de la Tournette dans le Beaufortain (2221m).
Sur le terrain, nous avons échangé des trucs pour estimer la pente (en degrés) avec nos bâtons, observé attentivement les traces de coulées et de rupture de plaques pour nous faire une idée du risque d’avalanche qui demeurait, fait notre trace dans la poudreuse de la manière que nous jugions la plus sûre, appris à reconnaître les signes du vent (corniches, congères, zastrugis, neige sur les arbres) ou encore appris à reconnaître les empreintes de lièvre variable, à gérer notre rythme et nos couches de vêtements pour éviter d’attraper froid, à être autonomes en eau en faisant fondre la neige et en s’abreuvant à la rivière, et en débattant sur la loi des gaz parfaits (pv=nrt) avec Mickaël notre climatologue pour comprendre les mers de nuage ou encore l’effet de foehn ! Je ne vais pas m’étaler sur tout ce que nous avons appris, finalement, mais plutôt mettre la lumière sur ce qui m’a marqué. Les versants du vallon de grande maison sont truffées de jolies cabanes des sept nains, non gardées et ouvertes, qui promettent encore des week-ends magiques en montagne. Le partage d’une croziflette, d’une bière corse et d’une galette des rois surprise un samedi soir en refuge en montagne est juste un bonheur à l’état pur. Le soleil qui réchauffe les corps en haute montagne lors de la pause déjeuner et émet ses rayons par des températures négatives est une source de plaisir inégalée.
Je remercie Vincent qui a encadré ce week-end, ainsi que toute l’équipe pour vos personnalités, votre présence et votre joie communiquée durant ce week-end. Nous avons fait une grosse bambée (cf. chiffres ci-dessous), je comprends mieux pourquoi le deuxième jour était difficile pour tout le monde !
Quelques chiffres :
– Jour 1 : 7,5km, 480D+ et 100D-
– Jour 2 : 16,5km, env. 600D+ et 900D-
Au plaisir de partager à nouveau des aventures, et à bientôt en montagne !
Anaïs Legras, bénévole co-encadrante ce week-end, et accompagnatrice en moyenne montagne stagiaire.
2 commentaires sur “Week-end de formation avalanche dans le Beaufortain (9-10 janv 2021)”
Top merci Anaïs pour ce compte rendu ! Cela nous remémore un petit peu les bons moments passés avec vous et nous donne un peu de détail sur les endroits où nous sommes passés :p Encore merci à toi et Vincent pour l’encadrement et à tout le groupe pour la bonne ambiance !
Salut Mickaël, merci c’est chouette que tu aies aimé ce petit article. A très bientôt et bon week-end à toi !