WE Formation #2 – Orientation et Autonomie dans le Dévoluy

Objectif :

Mise en application des notions de base en Orientation acquise lors du WE formation #1 afin de tendre vers plus d’autonomie dans l’organisation et gestion d’une sortie randonnée. L’objectif est que les personnes présentes à ce WE soient formées afin d’être en mesure d’encadrer et organiser des sorties randonnées avec le club rando université.

Récit :

Une réunion de pré-organisation à lieu avec les participants disponibles afin de donner les informations initiales sur le lieu géographique, le format du WE et la liste des tâches à fixer pour les 2jours de randonnée :

  • Détermination des itinéraires dans la zone envisagée (fourniture d’un extrait de carte IGN de la zone + 2-3 objectifs de points de cheminement)
  • Recueil des conditions météo et terrains en amont
  • Identification des lieux de bivouac possibles
  • Gestion de l’approvisionnement en eau
  • Gestion des repas et cuisine en commun
  • Gestion du transport et logistique / appro en matériel

L’organisation et les décisions ont été prises durant les jours qui ont précédé le WE en commun par les participants.

Accès : Co-voiturage avec 3 véhicules depuis Grenoble pour 11 participants jusqu’au hameau de Lachaup, commune de Agnières-en-Dévoluy.

Le terrain de jeu du week-end.

Une fois arrivée au point de rdv, nous procédons à une mise en commun des infos météo, terrains, itinéraires, matériel, appro en eau etc. Après échanges et discussions sont identifiés les points d’objectif de cheminement de la journée + lieu de bivouac + point eau pour réappro.
Le logis du soir se porte sur la cabane proche de Pra de l’Aulp et du Chourum Camarguier, à proximité de laquelle se situe deux points d’eau. Les informations recueillies par la troupe font état d’une cabane permettant de loger 8 personnes maxi ; il est donc décidé de prendre en supplément 2 tentes light et 1 tarp. L’avenir montrera que cette initiative fut une bien bonne idée … !

L’objectif étant de pratiquer l’orientation sur le terrain, plusieurs sections seront parcourues en hors sentier afin de mettre en application la boussole, la carte et surtout la lecture du terrain qui est très particulier dans le Dévoluy ; présence de chourums, beaumes, avens…

Vive le hors sentier !

Le premier objectif géographique de la journée est le Canyon des Adroits, les participants sont à tour de rôle en charge de guider le groupe vers les points intermédiaires de cheminement préalablement définis. Les premiers kilomètres se font sur une piste forestière souple pour un bon échauffement du groupe, en lisière d’alpages puis en zone plus boisée mixte caractéristique de l’étage de végétation montagnard. La saison d’automne bat son plein pour notre plus grand bonheur visuel, et nous offre ses nuances de verts au-travers d’espèces au feuillage persistant et autres jaunes-orangers des magnifiques mélèzes typiques de la région.

Une fois arrivée dans le lit du torrent ‘’endormi’’ des Adroits, nous décidons d’alléger nos sacs pour soulager nos muscles du dos pour le reste de la journée en déposant du matériel caché en lisière de forêt.  Et même des sacs entiers accrochés dans un pin pour certains d’entre nous qui ont fait sac en commun ! Les attaques de renards lors des précédents WE en itinérance ont laissé des souvenirs joyeux mais enrichissants en termes de sécurisation du matériel et nourriture en montagne !

Allègement des sacs en cours…

Nous attaquons plus léger la remontée du lit du torrent jusqu’au Canyon en hors sentier à l’aide de la carte et des éléments terrains afin d’assurer une progression sécurisée. L’environnement est atypique, du fait de sa forme encaissée en V ainsi que son caractère géologique caractéristique du massif ; nous sommes surplombés par des roches et des cavités durant plusieurs hectomètres. La dernière partie du canyon nous réserve un passage un peu engagé et déstabilisant pour certains. Il s’agit d’un passage technique à grimper qui a été fortement érodé par le courant du torrent durant des centaines d’années. La paroi est donc bien lisse et humide ; des cordes sont déjà présentes mais nous décidons d’installer une corde propre et sèche afin d’assurer ce passage délicat. Les plus à l’aise montent les sacs au besoin de ceux moins en confiance mais toute la troupe passe cet obstacle sans chute ou glissade fort heureusement ! L’esprit d’équipe règne ! Une fois la corde rangée et les esprits retrouvés, l’appel du ventre est plus fort dès la sortie du canyon. Le partage de victuailles est toujours un moment apprécié dans ces WE randos au sein du club.

Remontée de l’imposant canyon.
Concentration et agilité sont de mises !
La vue se dégage pour un piquenique bien mérité !

Plein d’énergie nous poursuivons la dernière grimpette du canyon pour rejoindre le fond du vallon de Charnier et l’intersection avec le GR93 vers 1800m d’altitude. Une nouvelle expérience hors sentier s’offre à nous ; grimper dans les pierriers environnant pour atteindre le chourum des Adroits qui vaut apparemment le petit coup de cul, à environ 1900m d’altitude. Nous déposons les sacs dans le vallon afin de monter léger et la récompense là-haut fut si belle ! Ce chourum est traversant de part en part, d’un diamètre de près de 20/30m et offre une petite terrasse au-dessus où nous avons pris un bain de soleil de quelques minutes dans un silence méditatif et apaisant. Rechargé en vitamine D, nous partons explorer les abords du chourum avec les plus motivés du hors sentier afin de voir si nous pouvons rejoindre l’aven qui se situe au-dessus. La pente et le terrain techniques et instables nous imposent d’être vigilant ; un passage éclair de crachin / grêlon nous fait faire demi-tour par prudence. La décision s’avérera être la bonne car lors de la descente en fin de journée sur le versant d’en face, nous nous rendrons compte que l’aven supérieur était encore bien loin de notre dernier point de progression. La progression en hors sentier est bien plus lente et ne doit pas être sous-estimée car exigeante pour les personnes qui n’ont pas le pied sûr.

L’ascension bien raide jusqu’au choroum des Adroits.
Sacrée curiosité géologique !
Digestion et méditation pour certains…
Le beau vallon de Charnier.

Une fois redescendus dans le vallon chacun à son rythme au travers des pierriers ; nous nous séparons en deux groupes. Une moitié part en éclaireur sur le chemin du retour afin d’effectuer quelques recherches d’orientation dans le secteur des chourums sud du vallon : objectif Chourum Clot et autre Trou d’Uc ! L’autre moitié, plus motivée par une session de marche A/R jusqu’au col de Charnier, se met en marche activement afin de voir les belles couleurs du coucher de soleil côté ouest du col. Le jeu en vaut la chandelle, les couleurs et la vue depuis le col sont superbes ! La tête du Lauzon surplombant le lac est très atypique. Nous sommes très chanceux et admirons une horde de chamois de 7/8 individus plus loin et majestueusement un très gros rapace qui est très probablement un gypaète barbu ! L’instant contemplation si doux soit-il, nous rappelle à la réalité du soleil qui plonge très vite à cette saison automnale.

Le groupe d’orienteurs dans ses œuvres !
Chourum débusqué !
Coucher de soleil depuis le col de Charnier.

Nous récupérons les sacs en bas du vallon et poursuivons notre retour par le GR sur le versant opposé à travers les chourums de nos compères orienteurs qui nous ont précédés. Le couché de soleil nous surprend et nous devons sortir nos lampes frontales après le lieu-dit de Serre Long qui recoupe la piste forestière empruntée en début de matinée. Objectif : retrouver les affaires et sacs que nous avions caché en lisière de forêt puis atteindre la cabane pour la nuit ! Cette dernière partie d’orientation dans la nuit a mis les deux groupes à mal et nous ramène à notre condition humaine moins adaptée que celle des animaux dont nous partageons l’environnement ! Objectif atteint au point côté 1387m où se trouve le point d’eau du soir ! L’équipe précédente est déjà arrivée à la cabane, mais a une bien mauvaise surprise… la porte est close et bien close ! Ces derniers tentent des opérations d’ouverture et recherche de clé cachée pendant un long moment en vain… Nous les rejoignons avec toutes nos réserves d’eau pour la nuit à la cabane près une dernière grimpette à la frontale.

Il faut se rendre à l’évidence, notre plan cabane tombe à l’eau ; nous débattons rapidement entre les deux options : marcher jusqu’à l’autre cabane qui est à au moins 1h de marche dans la nuit ou bien rester ici et utiliser nos 2 tentes et tarp prévues en secours ! La décision unanime de rester aux abords de la cabane tombe ; nouveau plan d’action pour chacun : une équipe montage des tentes, une équipe coupage de bois, une équipe préparation du dîner. L’ambiance est à la franche rigolade malgré la nouvelle, les aléas inévitables lors d’une expédition sont des éléments qui marquent et soudent un groupe. Nous allons devoir nous serrer ce soir pour maximiser les personnes qui dorment sous un bout de tissu, résultat des courses : 3 personnes par tente, 3 personnes sous le tarp et 2 courageux dehors tel des hommes de cro-magnon !

Un feu pour réchauffer les cœurs et les corps.

Comme à notre habitude, le diner lors des WE bivouac est articulé autour d’un plat commun et des classiques saucissons / fromages, houmous. Ce soir c’est couscous végétarien, et douceurs salées et sucrées réalisées par les participants pour partager les talents de chacun ! Le cake à la banane un peu raté mais bien goûtu et du chocolat à n’en plus finir réconfortent le moral des aventuriers ! Ce soir le feu est inévitable pour se réchauffer durant cette nuit de novembre à tout de même 1500m d’altitude où la barre des zéros degrés va facilement être franchie. La veillée est plus tardive que d’habitude ; une fois la nourriture rangée dans les sacs pour éviter de nouvelles mésaventures animales, les sacs à dos sont attachés suspendus à la corde bien utile aujourd’hui.

Le partage d’un moment convivial !
Dernière manip de corde de la journée !

Bilan du jour 1 environ 14 km // 1080m d+ / 1050m d- / 6h25

Le réveil sonne doucement sur le campement nomade à la fraîcheur du lever de soleil. Les corps et les cœurs ont besoin de plusieurs tournées de thé et café pour se réchauffer et repartir hors sentier. Une fois le classique remballage du matin effectué, nous débattons des objectifs du jour. Direction plus au sud pour atteindre le chourum de Bellot à environ 1700m d’altitude, qui ne sera pas si facile que cela à trouver. La pratique du hors sentier oblige la troupe à définir des points de cheminement en commun, qui s’avèreront pour plus de la moitié d’entre eux être des zones de découverte de cadavre et squelette de bêtes à laine probablement nettoyés par des loups et autres prédateurs.

Le campement de fortune se réveille.
Aucun sac n’a été atteint cette fois ci !
Direction de nouveaux objectifs.

Le terrain dans lequel nous évoluons est une aubaine pour faire de l’orientation, la lecture de terrain et de carte est technique et instructive. Chacun met en application ces connaissances anciennes ou récentes pour cheminer de manière sure : visée à l’œil comme les ‘’indiens’’ pour certains, azimut précis pour d’autres, trace et visée à la boussole pouce pour d’autres. Quelques rappels sont bien venus et c’est bien là le but du WE : un point d’objectif est précédé de points d’attaques et surtout d’un point d’arrêt ! Ce dernier est bien trop souvent négligé mais bien utile sur ce terrain atypique.

Technique d’orientation en commun.
La vue et les visées d’orienteur !

Nous cheminons au travers de prairies utilisées pour alpage et de forêts mixtes bordés par une zone de chasse, en suivant nos instruments hardi petits. Aussi étrange qu’improbable, nombreux de nos points de cheminement correspondent avec des carcasses d’animaux, ce sont les joies du hors sentier ; on se prêterait presque à jouer à cache-cache avec les prédateurs du coin. Un passage express par les voitures pour y déposer le matériel de bivouac permet d’alléger les sacs afin de repartir à l’ascension de 350md+ en grande majorité hors sentier.

Le premier d’une longue série dans ce secteur pastoral.
Cheminement de point en point en suivant les aiguilles !

L’objectif final du chourum de Bellot se profile devant nous mais ce dernier se laisse désirer et nous devons ratisser la zone tous ensemble pour le découvrir finalement, un peu plus bas qu’estimé sur la carte, à la pointe sud du rentrant sur le terrain. C’est un sacré gouffre dans le sol, caractéristique du massif, et nous reconnaissons que de le croiser en plein hiver partiellement rempli et obstrué de neige serait une rencontre pas très sécurisante. Cette fin de recherche complexe a ouvert l’appétit de l’ensemble de la troupe qui se dirige vers la cabane de Bellot d’alpage pour se mettre à l’abri des courants d’air frais et humide du jour. Des douceurs maison sont encore sorties du sac de certains pour le plus grand plaisir gustatif de tous, on se souviendra de cookies au chocolat délicieux !

Les résineux aux couleurs d’automne.
Le dernier squelette de la journée.
Chourum de Bellot enfin débusqué !

L’aventure touche à sa fin, le retour se fait en parti via du sentier et du hors sentier jusqu’aux voitures. Un debrief commun permet de finaliser cette mini-série de formation à orientation et autonomie pour ces futurs encadrants bénévoles du club rando université. Un dispatching du matériel qui retourne au local de stockage est fait de manière stratégique pour le retour à la métropole grenobloise.

La descente est amorcée après un dernier piquenique convivial !

Bilan du jour 2 environ 9.5 km // 490m d+ / 590m d-  / 5h10

Résumé des chiffres du WE :

J1 : 14 km avec 1080m d+ et 1050m d- en 6h25

J2 : 9.5 km avec 490m d+ et 590m d- en 5h10